G8: hélicos pas « chouettes » (14/06/2003)
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Le déploiement militaire a perturbé la faune du massif du Jura. Plainte pourrait être déposée.

LIONEL CHIUCH

Lors du dernier G8, il n'y a pas qu'à Evian où l'on a brassé du vent. Les hélicoptères de l'armée de l'air et de l'armée de terre, déployés sur les réserves du massif du Jura à l'occasion du Sommet, ont joué des pales sans discontinuer, au grand dam des oiseaux sauvages en pleine période de nidification.

Ces "dommages collatéraux", qui ont notamment affecté le quotidien du grand tétras lequel pourrait bien avoir disparu à la suite de ce remue-ménage , de la chouette d'altitude ou encore de la gélinotte, n'ont pas été au goût des associations de défense de l'environnement. L'une d'elles, la Commission de protection des eaux (CPEPESC), a fait part de son indignation dans un courrier adressé à Jacques Chirac. "J'ai l'honneur d'élever les plus vives protestations contre le comportement intolérable de certaines unités militaires à l'encontre de notre patrimoine naturel national le plus sensible, à l'occasion du Sommet dit "du G8" à Evian", écrit François Devaux, le président de l'association. Si ce dernier dit "comprendre la présence de militaires postés sur les points hauts", il se déclare en revanche scandalisé "par ces rotations d'hélicoptères créant un vacarme assourdissant dans un milieu protégé... par l'Etat, et transformé par l'armée en champ de manoeuvres!"

"On nous a dit que les militaires avaient toutes les habilitations nécessaires, précise François Devaux, joint par téléphone. Mais, manifestement, d'après ce que laisse entendre le préfet de l'Ain, ce n'est pas le cas. Quoi qu'il en soit, ils ont un mois pour produire ces documents. Si rien ne vient, on déposera plainte, c'est certain." Face au mécontentement exprimé à son tour par l'association Gernajura, qui gère la réserve naturelle de la Haute-Chaîne du Jura, le préfet s'est abrité derrière la fameuse "raison d'Etat". "Plutôt la déraison, considère le président de la CPEPESC. Qu'il y ait des bidasses sur tous les sommets, passe encore, mais de là à faire 50 passages minimum d'hélicos par jours. En plus, ils volaient souvent à moins de 100 mètres, parfois à 50 mètres. Ce sont surtout les appareils de l'armée de l'air qui faisaient du rase-mottes..."

En effectuant ces manoeuvres, les militaires ont-ils simplement suivi les ordres ou bien se sont-ils fait plaisir? Pour le savoir, l'association qui dénonce une faute d'appréciation dans la chaîne de commandement demande donc à Jacques Chirac, en tant que chef des armées, "de bien vouloir ordonner une enquête sur ces pratiques militaires tout à fait incongrues et nuisibles dans un milieu naturel protégé de grande valeur écologique". "On a un président qui fait la morale au monde entier, conclut François Devaux. Et là, on laisse faire n'importe quoi..." A l'avenir, faudra-t-il interdire les rave militaires en pleine nature?


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