Attac éclaire la lanterne de l'Université... sur les escaliers!
Paru le : 6 juin 2003 http://www.lecourrier.ch/Selection/sel2003_477.htm

NEUCHÂTEL · Empêchée de tenir conférence de presse au sein des bâtiments de l'Université, Attac n'en a pas moins dénoncé un module de cours s'en prenant au marché de l'électricité.

ISABELLE STUCKI

Un grand culot d'ampoule se dressait, hier après-midi, sur les marches de l'entrée du bâtiment principal de l'Université de Neuchâtel. Sur cet objet monumental, un slogan: « Université: pour éclairer votre lanterne, le peuple a refusé la LME. » Par cette action symbolique, Attac-Neuchâtel entendait dénoncer un cours de formation continue consacré au marché de l'électricité.

« Lorsque nous avons découvert, au sein du programme de l'Université de Neuchâtel, l'existence d'un module de formation continue intitulé « Réorganisation des marchés de l'électricité: problématique et enjeux », nous avons été choqués », explique Fabienne Girardin, présidente d'Attac-Neuchâtel, qui a alors constaté que « les cours, placés sous la responsabilité du professeur Milad Zarin-Nejadan, se donnaient en l'absence d'intervenants adversaires de la Loi sur le marché de l'électricité. Un comble, alors que le peuple a refusé cette dernière »!

PLURALITÉ DES OPINIONS?

Dès lors, Attac a notamment demandé au professeur Zarin-Nejadan qu'un intervenant puisse apporter dans le module une vision différente qui soit en lien avec la défense des services publics. « Il nous a été répondu qu'il n'était pas dans l'intérêt de la formation d'opposer des points de vue différents, et que ce cours n'était pas une affaire politique », poursuit Fabienne Girardin.

Pour Attac, l'Université de Neuchâtel s'est, en l'occurrence, refusée à une formation objective qui respecte la pluralité des opinions et aiguise l'esprit critique. « Il est frappant que, suite à la situation de débat qu'a provoqué la votation de la LME, l'Université reste totalement monolithique en refusant la discussion en son sein », explique une militante, qui se pose la question du rôle de l'alma ater: « Le but de ce type de formation continue devrait être celui de donner des clés aux cadres de demain et de maintenir leur esprit en éveil. En se refusant à montrer les implications de la libéralisation du marché de l'électricité, l'Université manque à son devoir civique. »

UN PROF TOMBE DU CIEL

Alors qu'il quittait le bâtiment, un professeur qui a participé au module s'exclame: « Je tombe du ciel! Je ne m'en étais pas rendu compte », laissant ensuite entendre qu'il avait songé expliquer, lors de son intervention, que dans les pays où elle avait été introduite, la privatisation de l'électricité n'avait pas obtenu les résultats escomptés. Mais que le temps ne lui avait pas permis d'aborder le sujet.

Pour Attac, il s'agit bien là de la preuve que « l'idéologie dominante et les mécaniques du libéralisme et des privatisations sont une véritable intoxication. Attac doit patiemment déconstruire ce discours ». Fabienne Girardin ajoute: « Il faut veiller et notre action de ce jour est destinée à montrer aux citoyens que, si certains milieux travaillent dans l'ombre à la réintroduction de la LME, nous sommes là, nous aussi. »

« PAS NOTRE AFFAIRE! »

Pour que son action ne reste pas lettre morte, Attac a également écrit au Conseil d'Etat neuchâtelois et à Charles Kleiber, secrétaire d'Etat à la science et à la recherche, qui n'ont, pour l'instant, pas répondu. Egalement interpellé, Denis Miéville, recteur de l'Université de Neuchâtel, considère que « les cours qui sont sous la responsabilité de M. Zarin-Nejadan sont bien des cours et en aucun cas un module politique. » Pour cette même raison, le recteur a interdit qu'Attac tienne conférence de presse au sein de l'Université. Contacté suite à la manifestation d'Attac, Denis Miéville a affirmé: « Nous n'avons rien manipulé. Que les gens voient dans ces cours quelque chose de politique, ce n'est pas notre affaire! »


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