La police recherche dans le Rhône « les pièces à conviction »
Paru le : 5 juin 2003 http://www.lecourrier.ch/Selection/sel2003_473.htm

INSPECTION · Six plongeurs ont fouillé le fond des eaux jouxtant l'Usine. Des « objets douteux » auraient été trouvés.

FABIO LO VERSO

Les plongeurs de la police genevoise ont fouillé, hier, le fond des eaux du Rhône à proximité du bâtiment de l'Usine. « Nous avons tenté de rechercher des objets qui ont été jetés par les gens lors de l'intervention », déclare André Binggli. Le porte-parole de la police fait allusion à l'inspection que les forces de l'ordre ont effectuée, dimanche soir, dans les locaux du centre culturel. « Nous avons trouvé des petits trucs », ajoute-t-il. « Des pièces à conviction » - s'empresse-t-il de préciser - que le commandement a aussitôt « transmises aux bureaux du Palais de justice ».

Munis d'une caméra sous-marine, six hommes-grenouilles ont plongé durant une heure, entre 15 h 30 et 16 h 30, dans les eaux qui se situent entre le bâtiment des Forces motrices, l'immeuble de l'Usine et le barrage du Seujet. M. Binggli a annoncé que les trouvailles seront montrées à la presse « dans les prochains jours ». Aucune autre information officielle n'a été communiquée. Un membre du collectif de l'Usine, qui a suivi les opérations, s'est refusé à commenter l'action des forces de l'ordre.

PHASE AGITÉE

Le centre culturel alternatif traverse une phase agitée, où les réunions se multiplient, tandis que les membres sont allés jusqu'à évoquer l'opportunité de fermer les locaux durant quatre jours. Une décision qui n'a été finalement pas été adoptée. D'autre part, le collectif étudie le dépôt d'une plainte contre la police. A cette initiative ira s'ajouter la plainte du travailleur de l'Usine blessé à la tête lors de la descente de police, qui s'est soldée par l'hospitalisation de trois personnes. Après une hésitation initiale, celui-ci a confirmé son intention d'imiter la démarche des autres victimes.

Les représentants du collectif se sont joints, hier, à la conférence de presse convoquée par le Forum social lémanique (FSL) à la Maison des associations (lire en page 2). Les membres de l'Usine ne sont pas arrivés les mains vides. Pour l'occasion, ils ont projeté les images montrant l'irruption des forces de l'ordre. De nouveaux témoignages sur les événements de dimanche soir ont aussi été livrés - avec une certaine animosité - aux journalistes présents. « Si les parlementaires genevois n'avaient pas été là, les choses se seraient certainement passées autrement », avance un témoin, laissant entendre que la descente se serait soldée par un bilan plus lourd.

ET LA LIBERTÉ DE LA PRESSE?

D'autres intervenants ont tenu à rappeler que, avec le centre culturel, l'inspection de la police visait aussi le centre d'information Indymedia. « Il s'agit d'une violation délibérée de la liberté de la presse », avait hurlé Florian Schneider, l'un des animateurs du média télévisuel online Geneva 03 livestream, lors de la conférence de presse organisée au lendemain du raid policier. Ce chapitre de l'affaire n'aurait pas subi un traitement adéquat par les médias officiels, ont déploré certains activistes.


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