La permanence juridique du G8 relève des violences disproportionnées (04/06/2003)
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La police trouve le propos exagéré et attend les plaintes pour répondre.

ISABEL JAN-HESS

La permanence juridique indépendante, mise sur pied pendant la durée du Sommet du G8, dénonce divers actes violents commis par la police. Son communiqué, diffusé tard lundi soir, parle notamment de "matraquages et de contraintes physiques sans avertissement" commis dans les heures suivant la manifestation de dimanche. Ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre, le central téléphonique a enregistré de nombreux appels durant tout le week-end. Treize concernaient des maltraitances qui auraient été commises par "des policiers masqués ou en civil".

Des personnes appelées "Legal team" réparties sur les manifestations pour contrôler le déroulement des interventions relèvent, entre autres, "une violence disproportionnée de la part des policiers allemands". Ils déplorent également des restrictions d'entrée imposées par les forces de l'ordre après leur opération à l'Usine. La permanence juridique précise aussi que les témoignages recueillis jusqu'à maintenant ne sont pas exhaustifs. "Peu de personnes ont été en mesure de nous contacter et nous continuons à être informés de nouveaux cas."

Plusieurs questions sont également soulevées. A savoir: est-ce que la police avait un mandat pour pénétrer dimanche soir dans l'usine? Et pourquoi a-t-elle, lors de cette intervention, frappé, avec des matraques télescopiques, des personnes n'opposant aucune résistance? Pour terminer les auteurs du communiqué de presse condamnent l'usage de masques et de cagoules par la police ainsi que le recours à des forces étrangères. Ils demandent aujourd'hui des explications et invitent la justice genevoise à enquêter sur tous ces faits.

"On avait un mandat pour investir l'Usine"

Interrogé, le chef de la police ad intérim Christian Cudré-Mauroux parle de propos exagérés: "Nous avons certes usé de moyens de contraintes comme les gaz lacrymogènes ou les jets d'eau, mais toujours après sommation." Il affirme que la police avait bien un mandat pour investir l'Usine dimanche soir et reconnaît l'intervention de policiers en civil. "Ces derniers ont permis l'arrestation de plusieurs casseurs. Et le port de cagoules est indispensable dans certaines opérations. Ceci afin de préserver l'anonymat des agents."

Le chef de la police estime avoir joué le jeu de la transparence et de la coopération avec les "Legal team" de la permanence juridique. "Nous les avions laissés entrer, quinze minutes après notre intervention ce qui est, à mon avis, exceptionnel. Je pense que nous avons respecté nos engagements tant avec les observateurs parlementaires qu'avec Amnesty International et les "Legal Team" qui n'avaient pas de mandat officiel."

Pour le reste, Christian Cudré-Mauroux attend le dépôt de plaintes afin qu'une enquête soit ouverte et que la police puisse répondre à chacune de ces accusations.


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