Les activistes accusent la police de tentative de meurtre
Paru le : 3 juin 2003 http://www.lecourrier.ch/Selection/sel2003_453.htm

DIDIER ESTOPPEY

Tragique méprise, comme le titraient certains journaux pour expliquer le grave incident survenu dimanche sur un pont d'autoroute à Aubonne, lorsque la police a coupé la corde à laquelle s'était suspendu un militant britannique? La formule reste en travers de la gorge des activistes. Plusieurs tenaient hier conférence de presse devant le CHUV, où leur camarade reste hospitalisé aux soins intensifs (ses jours ne sont cependant pas en danger), pour dénoncer ce qu'ils considèrent comme une « double tentative de meurtre », voire une « exécution ». Le dépôt d'une plainte pénale contre la police est à l'étude.

« Nous sommes des professionnels de ce type d'action et l'avons menée de façon pacifique et responsable », assure Christine, une militante allemande qui était suspendue à l'autre bout de la corde, et estime ne devoir son salut qu'au réflexe de ses camarades. Composé de 17 personnes de différents pays, le groupe était déterminé à bloquer, dimanche matin, les délégations empruntant l'autoroute de Genève vers Lausanne pour se rendre au Sommet du G8. Pour ce faire, il avait tendu une corde avec un militant suspendu à chaque bout et parié sur le fait qu'on n'oserait pas mettre en danger les deux grimpeurs, suspendus à 20 mètres du sol, pour rétablir le trafic.

Pari perdu, à en croire Christine: dès son arrivée, 10 minutes environ après le début de l'action, la police se serait montrée très agressive. « Un policier a même crié qu'il s'en fichait si nous tombions! » dénonce Christine. Pour elle, il ne fait pas l'ombre d'un doute que le policier qui a finalement coupé la corde pour dégager la chaussée était lui aussi parfaitement conscient de la situation. Les militants accusent aussi la police de non-assistance à personne en danger: seul le médecin du groupe a secouru le blessé.

L'enquête ouverte par le juge n'a à ce stade pas abouti à une inculpation du policier: « Il a été clairement établi que cet homme n'avait pas conscience que deux personnes étaient suspendues à la corde », explique Jacques Antenen, juge d'instruction. Le policier, un Alémanique, n'a pas compris les inscriptions sur les banderoles, poursuit-il. L'enquête, dans le cadre de laquelle une dizaine de personnes ont déjà été entendues, se poursuit. DEy


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