Berceuse allemande pour les casseurs (03/06/2003)
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Dans la nuit de dimanche à lundi, les forces allemandes ont dû intervenir.

CÉDRIC WAELTI

Une nuit de plus. Une nuit pour rien. Après les émeutes de samedi, Genève termine son week-end comme elle l'avait commencé. Dans la fureur et le bruit. Dimanche, minuit, la rue du Stand est recouverte de bris de verre. Au loin, des cris. Pour trouver les casseurs, il suffit d'entrevoir les badauds. Amassés sur le pont de la Coulouvrenière. Devant eux, sur la place Bel-Air, se joue le deuxième acte de la pièce mise en scène par les casseurs. Par petits groupes, ils cherchent l'affrontement avec la police. En passant sur le quai de la Poste, on distingue un drapeau "Pace" maculé d'un "fuck". Il y a plusieurs heures déjà que les manifestants altermondialistes ont rangé leurs calicots. Certains, hagards, ne peuvent toutefois s'empêcher de suivre les événements. "C'est invraisemblable, je ne pensais pas qu'on en arriverait là", concède ce quinquagénaire. Comme beaucoup, son rêve d'une contestation pacifique s'est brisé avec les premières vitrines.

Accueillis à l'allemande

Nouveaux fracas. Cette fois, les casseurs s'en prennent au magasin de chaussures Aeschbach de la rue du Rhône. Grands coups de pied des petites frappes qui s'acharnent sur la devanture. Avant de choisir tranquillement des... sacs à main, qui n'auraient pas déplu à Bernadette Chirac. Les forces de l'ordre chargent. Détonations. Rapidement, les gaz lacrymogènes envahissent la place Bel-Air et une bonne partie des Rues-Basses. Des casseurs cherchent un second souffle sur l'autre rive.

Ils seront accueillis à l'allemande: avec efficacité. Rue de Coutance, une vingtaine de fourgonnettes de la Bundesgrenzenschutz (police fédérale des douanes) le long de la chaussée. L'heure est aux dernières révisions. A l'arrière de son véhicule, un des policiers allemands scrute son plan de Genève. Le signal est donné. Les portières claquent, et en rang par deux, les pandores allemands sortent de leur boîte.

Spécialement formés à la lutte anti-émeute

Visiblement outillés pour poutzer le centre-ville. Tenue kaki ignifuge, casque "samouraï", protections aux bras et aux jambes, coquille, gilets pare-balles, masque à gaz, matraque et 9mm. Rapidement, ces policiers spécialement formés à la lutte anti-émeute coursent les casseurs. Paniqués, certains d'entre eux se replient sur Plainpalais. Les Allemands procèdent à plusieurs interpellations. Leurs collègues genevois les imitent dans les Rues-Basses.

Mains contre le mur, cinq adolescents sont fouillés par les gendarmes. Certains repartiront sur le champ. Petit à petit, un semblant de calme gagne le centre-ville. Deux heures du matin: derniers contrôles d'identité de quelques passants. Des patrouilles de surveillance sont mises en place. Les policiers soldats de la Bundesgrenzenschutz continuent d'assurer une présence plus que dissuasive dans les rues. Trois heures, Genève s'endort. Pour se réveiller, lundi, avec la gueule de bois.


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