LA MANIF - Pas de dégâts à Annemasse malgré les menaces (02/06/2003)
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Les manifestants sont parvenus à prendre leurs distances avec les casseurs.

ANNEMASSE / ALAIN JOURDAN

Annemasse a été épargnée par les casseurs. Hier, en fin de journée, aucun incident n'était à déplorer. Tétanisés par la peur, la plupart des commerçants et habitants avaient choisi de mettre la clé sous la porte. C'est une ville morte qu'a traversé le cortège altermondialiste. Derrières les vitrines barricadées et les volets fermés, des regards inquiets. La caravane est passée... rien n'a été cassé. Des couleurs, beaucoup de couleurs, du bruit, beaucoup de bruit avec des slogans détonants pour dénoncer "l'impérialisme américain" et "le capitalisme assassin". Rien de vraiment terrible. Pas de quoi justifier, en tout cas, le déploiement plus ou moins discret de plusieurs centaines de policiers et gendarmes autour de la ville. A moins que ce soit cette présence policière qui a dissuadé les fameux Black Blocks d'opérer à Annemasse.

Cortège à deux vitesses

Le préfet de Haute-Savoie, Jean-François Carenco, jouait sans doute sa carrière dans cette affaire. Il peut pousser un soupir de soulagement. Et remercier dans le même temps les altermondialistes qui ont su prendre leurs distances avec les casseurs dès le début du cortège. Un cortège à deux vitesses. Avançant lentement et à visage découvert, des délégations bien organisées avec à leur tête des leaders comme José Bové pour la Confédération paysanne. Longeant à toute vitesse le cortège, en se faufilant parfois à travers, des équipes très mobiles à la recherche de cibles plus ou moins symboliques. Très organisée, leur présence a suscité dès le départ de la manifestation de sérieuses protestations de la part de membres d'Attac, du Parti communiste ou encore d'autres délégations engagées dans le cortège. Quelle main invisible agite ces "commandos"? La question étreint jusqu'aux plus radicaux des militants altermondialistes.

Nostalgie

Agrippé à ses convictions révolutionnaires, Jean-Luc a quitté le PC il y a trois ans pour rejoindre la coordination communiste. Militant dans la couronne parisienne, il était hier au côté de ses camarades hauts-savoyards emmenés par Laurent Nardi leur responsable départemental. "Ce n'est pas dans l'intérêt des altermondialistes de créer ce genre d'incidents. Vraiment je ne comprends pas", s'indigne-t-il. Alors que ses camarades entonnent l'international, Jean-Luc, évoque le seul combat qui lui tienne vraiment à coeur. Celui de la classe ouvrière. Le drapeau rouge qu'il tient dans la main sent le muguet. Nostalgique, porté par un hymne qui ravive le fol espoir du grand soir, l'homme se ressaisit, se dresse: "Oui, on est en guerre contre ceux qui veulent remettre en cause nos acquis. On se bat, mais pas comme ça." Quelques minutes plus tard, deux jeunes manifestants surgissent du cortège, le visage caché, entourés d'une solide logistique, ils tapissent une agence bancaire d'affiches rouges et noires invitant les partisans d'un autre monde à passer à l'"action directe".


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