Première manif mouvementée: les autorités calment le jeu (31/05/2003)
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Photo Magali Girardin

Incidents regrettables, déplore Micheline Spoerri, mais sans influence sur la suite.

ERIC BUDRY ET MARC LALIVE D'EPINAY

La manifestation non autorisée qui s'est déroulée hier de 11 heures à 14 heures sur la rive droite a suscité quelques heurts entre policiers et un petit groupe de jeunes manifestants qui ont provoqué des dégâts matériels (lire ci-dessous). L'événement est jugé marginal tant par le Forum social lémanique (FSL) que par les autorités qui, bien que déplorant ces incidents, ne veulent visiblement pas faire monter inutilement la pression. Elles espèrent au contraire que ces dérapages serviront de leçon pour que la grande manifestation de dimanche soit une réussite. "J'espère que ce n'est pas 40 petits abrutis encagoulés qui vont décrédibiliser cette manifestation auprès de l'opinion publique et occulter nos revendications. Malheureusement, j'en doute", fulminait hier un militant espagnol, lors de cette première manifestation organisée à Genève.

Organisée par le collectif Noborder, la manifestation avait pour but le siège de l'Organisation mondiale des migrations (OIM). Le collectif désirait dénoncer par cette démonstration "les programmes d'expulsion et de détention d'immigrés, ainsi que le recrutement de main d'oeuvre bon marché" dont serait coupable l'OIM.

Vitrines cassées, jets de pierres sur les forces de l'ordre, panneaux arrachés. Un quarteron de Thierry la Fronde version moderne a préféré la manière forte aux consignes pacifistes distillées par les organisateurs durant tout le trajet "De la casse? Rien de très surprenant pour ce genre de manifestation, constate, philosophe, Stefan un manifestant allemand. Mais ces petits cons n'ont toujours pas compris qu'ils légitiment et renforcent la répression policière avec leur violence."

Retenue policière

Une analyse que réfutent totalement la conseillère d'Etat Micheline Spoerri et Christian Cudré-Mauroux, chef de la police ad interim. "Les forces de l'ordre ont fait preuve d'une grande maîtrise et je leur en suis très reconnaissante, a commenté hier la responsable de la police lors d'une conférence de presse. La police a parfaitement respecté ses engagements fixés dans le mémorandum d'accord signé avec les organisateurs. Ce qui n'est pas le cas de ces derniers, puisque la manifestation d'hier n'était pas autorisée."

Une centaine de policiers zurichois, puis une centaine de Genevois ont participé en deux fois à l'opération. Si entre 1000 à 2000 personnes, suivant les moments, ont suivi la manifestation, le groupe problématique ne rassemblait pas plus de 50 à 100 d'entre eux. "Nous aurions pu utiliser la force dans certaines situations, mais nous ne l'avons pas fait, assure de son côté Christian Cudré-Mauroux. Nous continuerons à agir de la sorte ces prochains jours, c'est-à-dire avec retenue."

Contacts continus

Ce qui est certain, c'est que l'incursion de vendredi sur la rive interdite n'empêche pas la poursuite des négociations. La conseillère d'Etat et le chef de la police sortaient du reste de l'une de ces réunions lorsqu'ils sont venus s'adresser aux journalistes. Pour la première, il est ainsi nécessaire de tirer la leçon des dérapages de vendredi en vue de la grande manifestation de dimanche.

"On a pu voir vendredi à quel point peut faire défaut un service d'organisation, précise Christian Cudré-Mauroux. Il n'y en avait pas et il a été pratiquement impossible aux manifestants qui tentaient de calmer les esprits de gérer un ensemble de groupes qui n'avaient pas tous le même objectif. Dimanche, les organisateurs disposeront heureusement d'un tel service."


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