Annemasse « accueille » sa première manif anti-G8 (30/05/2003)
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Photo Pierre Abensur

Près de 4000 altermondialistes se promènent sur un air de fête dans la ville frontière.

GUSTAVO KUHN

"On n'est pas beau, mais on est gentil", explique un tract des altermondialistes qui campent dans les deux villages alternatifs de l'aérodrome d'Annemasse. Pour transmettre ce message et leurs revendications à la population de la région, près de 4000 militants anti-G8 ont défilé, hier soir, pendant deux heures dans les rues de la ville française.

C'est dans une véritable ambiance de carnaval que le cortège quitte le Vaaag (Village alternatif anticapitaliste et antiguerres) aux environs de 17 heures. Le son des tambours, des sifflets et des trompettes donnent le rythme aux déhanchements et aux sautillements des participants. Quant à la couleur, c'est les déguisements et les drapeaux qui donnent le ton. Les plus présents étant les désormais inévitables étoffes arc-en-ciel frappées du mot pace. Cependant bien accompagnés des étendards rouge et noir de l'anarcho-syndicalisme et des banderoles de l'organisation Attac. Le tour de chant aborde, lui aussi, un registre classique: "A ceux qui veulent dominer le monde, le monde répond: Résistance!"

Bon accueil

Et les Annemassiens apprécient visiblement la démonstration. Ils sont nombreux à sortir sur leurs balcons pour observer le défilé et souvent même pour l'applaudir. Ceux qui prennent l'apéritif, aux terrasses des cafés, lisent intéressés les tracts expliquant la démarche. Même les automobilistes immobilisés par le passage du cortège ne rouspètent étrangement pas. "J'ai le temps, affirme l'un d'eux. Et puis ils sont extrêmement sympathiques." Quelques voitures plus loin un couple d'une soixantaine d'années se montre plus enthousiaste encore: "Nous sommes en faveur de ce genre de manifestations. On ne peut que les encourager."

Arrivé près de la gare d'Annemasse, le défilé arrête sa course et le silence s'impose. Les manifestants s'asseyent sur le bitume et observent plusieurs minutes de silence en mémoire de Carlo Giuliani, le jeune manifestant tué par un policier à Gênes en 2001. Puis les tambours reprennent de plus belle et le cortège s'ébranle à nouveau.

Commissariat barricadé

Quelques centaines de mètres plus loin, sur le haut de la rue du Chablais, une certaine tension se fait sentir pour la première fois du parcours. Le commissariat du coin a été transformé en camp retranché. Alors que jusqu'à cet instant, aucun agent n'a pointé le bout de son uniforme. Les blocs de béton, les grillages, les fils barbelés et les engins blindés font voir rouge certain des manifestants: des slogans antipolice fusent à l'encontre des gendarmes présents. Mais l'immense majorité du cortège continue son chemin sans même y prêter attention.

Le retour vers l'aérodrome se fait dans une ambiance plus calme: après deux heures de marche et de danse, la fatigue se fait ressentir.


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