Permanence juridique pour les manifestants (27/05/2003)
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GUSTAVO KUHN

"La société civile a ressenti le besoin de s'organiser face aux abus des forces de l'ordre", explique Cristina Cariello, juriste de la Permanence juridique genevoise (PJG). Cette plate-forme regroupe une cinquantaine de citoyens qui ont reçu une formation juridique. Elle s'est donnée comme but de prévenir les violations et de défendre les droits fondamentaux de tous les manifestants pendant les mobilisations contre le G8. Dès aujourd'hui, elle distribuera une brochure d'informations sur les normes légales qui protègent les opposants au Sommet. Elle comportera aussi quelques conseils pour les manifestants.

Observateurs indépendants

Pendant les mobilisations, les membres de la PJG joueront également un rôle d'observateurs indépendants. Par groupes de trois personnes vêtues de dossards colorés, ils suivront les manifestations. Ces legal teams se rendront aussi à différents points névralgiques (gares, frontières et "zones interdites") afin de faire pression sur les forces de l'ordre pour qu'elles n'appliquent pas de mesures préventives illégales. La permanence sera basée à la Maison des associations dans le quartier de Plainpalais, depuis le 28 mai à 14h jusqu'au mercredi suivant à midi.

La structure se veut totalement autonome des autorités, mais également des organisateurs des mobilisations. "Nous nous devons d'être impartiaux, affirme Cristina Cariello. Car notre objectif est d'assurer la défense de tous les manifestants. Quelle que soit l'action qu'ils aient commise, ils ont le droit à un avocat." Jean-Pierre Garbade, membre, lui aussi, de la PJG, précise que le rôle de la plate-forme est de faire le lien entre ceux qui auraient besoin d'un défenseur et des avocats qui seront de permanence pendant la tenue du Sommet.

"Nous serons en contact permanent avec une cellule composée par différents observateurs, poursuit l'avocat genevois. Celle-ci sera avertie par la police lors d'éventuelles interventions, conformément à l'accord signé vendredi dernier entre le Forum social lémanique et l'Etat. Nous pourrons ainsi être présents et conseiller les personnes qui seraient arrêtées."

Récolte de témoignages

Une autre tâche dont s'acquittera le PJG est la récolte de témoignages. La charte de la plate-forme précise qu'elle respectera la confidentialité de toutes les informations et les documents réunis. Ils ne seront donc pas transmis aux autorités.

Les membres du PJG insistent sur le fait que la création de cette structure a été rendue nécessaire par les nombreuses violations des droits de l'homme observées lors d'événements similaires. "A l'occasion de nombreuses réunions d'altermondialistes, les refoulements, les emprisonnements abusifs, les coups et les blessures ont été monnaie courante, s'indigne Cristina Cariello. A Gênes, la police a même tué un manifestant. Le plus inquiétant, dans tout cela, est que les auteurs de ces crimes sont totalement impunis."

Une plate-forme analogue a aussi vu le jour de l'autre côté de la frontière. "La principale différence est que nous, nous intégrons le CHARG8, la structure française qui organise les manifestations, explique Aline Penitot. Car nous revendiquons un rôle politique."

Permanence juridique genevoise: Maison des associations, 15, rue des Savoises, au sous-sol. 022 329 20 69 ou 022 329 20 70.


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