Un camping pirate s'installe à Lausanne (26/05/2003)
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Anne-Catherine Lyon a rencontré les altermondialistes-campeurs sauvages

CAMILLE KRAFFT

"Où k'il est c'village?": au bord de la route cantonale, juste avant Saint-Sulpice, les grandes banderoles colorées sont explicites: Oulala c'village a bel et bien installé son campement sur le site de l'Université, contre la volonté des autorités. Et le fait savoir sur l'internet, en anglais, avec moult plans et explications.

Au bout de la grande allée bordée d'arbres, derrière les joueurs de football en pleine action, s'affairent les constructeurs amateurs, certains en bleu de travail, plan à la main. Quelques tentes individuelles ont été plantées, les espaces communautaires sont en cours d'installation. L'on peut déjà visiter la cuisine, remplie d'épices et équipée de fourneaux à gaz, ou jeter un oeil sur la déchetterie, ultraécologique. Les tentes collectives sont montées sur des structures de bois, plantées "à moins de trente centimètres dans le sol" explique un villageois, soucieux de respecter la nature du terrain. Et d'ajouter qu'il manque encore la tente médicale ou l'espace réservé aux femmes, prévus au programme. En guise de décoration, des drapeaux pirates flottent au vent.

Hier après-midi, les altermondialistes avaient rendez-vous avec la conseillère d'Etat Anne-Catherine Lyon, ainsi que des représentants des services techniques de l'Université et de la police cantonale. La rencontre a débuté par une visite ponctuée d'explications. La conseillère d'Etat s'est montrée curieuse. L'ambiance était enjouée, aucune tension n'était perceptible. La presse était mise à l'écart, selon la volonté du collectif.

"L'entrevue s'est passée dans de bonnes conditions", affirmait Anne-Catherine Lyon au sortir de la réunion. Et de rappeler qu'elle a été mandatée par le Gouvernement afin de reprendre le dialogue, interrompu il y a quelques jours. Selon la conseillère d'Etat, les autorités ne sont volontairement pas intervenues samedi sur la place de Milan, afin de faciliter la reprise des négociations avec les altermondialistes.

Comme l'a fait savoir Anne-Catherine Lyon, le Conseil d'Etat aimerait voir un village en deux parties: d'un côté, la Bourdonnette, faisant office de dortoir, de l'autre, Dorigny, destiné aux échanges et à la discussion (espace forum), mais où les manifestants ne passent pas la nuit. A une exception près, et c'est la concession qui pourrait débloquer la situation: les organisateurs du forum sont autorisés à loger à proximité de l'espace de discussion soit là où se trouvent les premières tentes. La proposition du Conseil d'Etat se base sur trois priorités: préservation des biens publics (des dégâts sur les terrains de sport pourraient être irréversibles), respect des aspects écologiques, accueil d'un grand nombre de personnes dans de bonnes conditions (le site de Dorigny ne dispose pas de sanitaires en nombre suffisant).

De son côté, le collectif a clarifié deux points essentiels. D'une part, il ne boycotte pas le camping de la Bourdonnette (toujours vide, pour l'instant). D'autre part, il affirme ne pas être en mesure d'accueillir des milliers de personnes à Dorigny, le cas échéant. Un accord paraît donc envisageable. Le collectif avait jusqu'à hier soir 22 heures pour se prononcer.


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