« Pour parler de la violence, il faut tenir compte du contexte » (24/05/2003)
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Secrétaire d'Attac suisse, Alessandro Pelizzari dénonce la volte-face française et allemande.

FEDELE MENDICINO

A une semaine du G8, Attac et le Groupement pour une Suisse sans armée (GSsA) donnent le ton. Hier vers midi, devant la caserne des Vernets, une vingtaine de militants ont manifesté, drapeaux "Pace" au vent, devant des recrues souriantes apparemment acquises à leurs causes. "Il faudrait que les militaires mobilisés durant la manifestation du 1er juin à Genève portent des badges et arborent des drapeaux pacifistes", soulignait une heure plus tôt, un membre du GSsA à l'occasion d'une conférence de presse. A ses côtés, le secrétaire de l'antenne suisse d'Attac, Alessandro Pelizzari. Interview d'un sociologue militant de 28 ans expliquant "l'enjeu unique" de cette mobilisation altermondialiste.

- Combien de manifestants attendez-vous le 1er juin?

- (Rires) C'est un peu comme la météo. Il est trop tôt pour faire des prévisions à une semaine de la manif. C'est pourquoi je suis étonné d'avoir vu des estimations évoquant 300 000 manifestants. Nombre d'entre eux viendront de France, mais les récentes mobilisations contre les retraites peuvent avoir une influence négative sur la mobilisation à Genève. Au vu des bus français attendus, on peut attendre entre 30 000 et 40 000 participants.

- Faut-il un service d'ordre interne, comme le demandent depuis plusieurs semaines les autorités?

- On ne peut pas organiser une manifestation sans service d'organisation. Le Forum social lémanique doit proposer des animations, mais aussi une sécurisation des participants: éviter la panique et maintenir le cortège soudé. Mais cela n'a rien à voir avec la mise en place d'un service d'ordre. On ne va pas jouer les policiers ou encore moins se mettre à taper sur des casseurs.

- Condamnez-vous formellement la violence?

- Casser une vitrine serait un acte stupide et illégitime. Cela dit, on ne peut pas parler de violence sans tenir compte d'un contexte. Comment pourrait-on condamner de la même manière un excité qui brise un carreau et un Etat qui impose une violence militaire? Des paysans qui détruisent des plants d'OGM usent selon moi d'une violence légitime.

- En quoi cette mobilisation anti-G8 est-elle plus importante qu'une autre?

- Pendant des semaines, en refusant la guerre, Chirac s'est fait passer pour le père des altermondialistes. Aujourd'hui, lui et son homologue allemand approuvent la résolution de l'ONU reconnaissant, rétrospectivement, les USA et la Grande-Bretagne comme des force occupantes en Irak. Cela démontre qu'il faut se méfier des dirigeants du G8. Même s'ils promettent de s'atteler aux problèmes liés à l'eau et au sida. Il ne faut pas se faire piéger.

- Pourquoi les altermondialistes ne proposent-ils pas tout de suite un autre modèle de société?

- Nous le faisons. Attac préconise de taxer les transactions financières au niveau mondial, d'annuler la dette du tiers-monde et d'arrêter les négociations de l'OMC sur l'agriculture et les services. Mais l'autre monde doit aussi venir d'en bas. Les altermondistes font des propositions. Mais le problème parfois, c'est qu'ils refusent de discuter sur les divergences. Or la confrontation et le débat fraternel sont constructifs.

- En quoi la Suisse est-elle une "cible" pour les altermondialistes?

- La Suisse est un pays capitaliste et mondialisé depuis des siècles. Hélas, c'est un modèle que nos voisins suivent aujourd'hui sur la question des retraites, de la santé et du marché du travail. En plus, la Suisse représente un paradis fiscal unique. Une phénomène que nous combattons avec d'autres associations.


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