Le GSsA entend désamorcer l'escalade sécuritaire
Paru le : 24 mai 2003 http://www.lecourrier.ch/essai.htm?/Selection/sel2003_509.htm

G8 · Le Groupe pour une Suisse sans armée a une nouvelle fois appelé les soldats à ne pas assurer la protection des chefs d'Etat du G8. A défaut, les militaires devraient refuser de charger leurs armes avec des balles réelles.

SIMON PETITE

Le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) n'est pas prêt de digérer l'engagement de plus de cinq mille soldats pour la protection des chefs d'Etat du G8. Il l'a fait savoir hier à Genève, à l'occasion d'une conférence de presse conjointe avec Attac (lire ci-dessous). Une vingtaine de militants pacifistes ont ensuite rejoint la caserne des Vernets pour encourager les citoyens appelés sous les drapeaux durant le G8 à refuser de servir.

« Il est inacceptable que la Confédération déploie des milliers de soldats pour la sécurité de huit dirigeants qui passeront l'éponge sur la guerre contre l'Irak, une invasion à laquelle s'étaient opposés des millions de personnes. Ces mêmes dirigeants dépensent 2 milliards de dollars pour leurs armées, et leurs pays produisent 90% des armes dans le monde », s'indigne Luc Gilly, du GSsA.

« La hiérarchie militaire, à commencer par son chef, Christophe Keckeis, fait l'amalgame entre manifestants et terroristes », continue Luc Gilly. Le mouvement antimilitariste dénonce l'orientation de plus en plus nette de l'armée vers des tâches de maintien de l'ordre. Une évolution légitimée par le plébiscite d'Armée XXI.

Vers 12 h, joignant l'acte à la parole, les militants ont mis le cap sur les Vernets. « Ne tirez pas! » ont-ils lancé à l'approche de la caserne. Mais les quelques militaires devant la grille étaient plus occupés à fêter la fin de leur école de recrue. « Vous auriez dû venir plus tôt », lance un jeune. Bouteille de blanc à la main, il s'en va poser en compagnie de deux camarades devant le drapeau arc-en-ciel.

Les militants distribuent des tracts, mais toutes ces recrues ne sont pas concernées par la protection du G8. « Les soldats appelés pendant le G8 peuvent encore invoquer des motifs politiques ou psychologiques pour échapper à leur service », souligne Sébastien L'Haire, également du GSsA. A ceux qui sont déjà à pied d'oeuvre tout autour du lac Léman, le GSsA conseille de refuser de charger leurs armes avec des balles réelles et d'arborer des signes (badges ou drapeaux arc-en-ciel) témoignant de leur sympathie avec les manifestants et de leur attachement aux valeurs démocratiques. Afin, selon Sébastien L'Haire, de « désamorcer l'escalade sécuritaire ».

Attac esquissera « un autre monde »

« On a beaucoup parlé du parcours de la manifestation du dimanche 1er juin et des vitrines potentiellement brisées. Beaucoup moins des gens qui se mobilisent et pourquoi », constatait Alessandro Pelizarri, secrétaire général d'Attac-Suisse.

Comblant cette lacune, l'association qui défend, entre autres, l'instauration d'une taxe sur les transactions financières (taxe Tobin) a présenté, hier, à la presse, son programme pour le G8 avec, en point d'orgue, un colloque vendredi 30 mai à Genève1 organisé par les différentes sections européennes d'Attac.

Les têtes d'affiche (Susan George, Eric Toussaint, Jean Ziegler et bien d'autres) démonteront le mythe « d'un sommet de la paix » à Evian. Après les déchirements de la crise irakienne, « les dirigeants du G8 feront la paix entre eux. Mais poursuivront leur guerre militaire et sociale contre les populations », développe Alessandro Pelizarri. Sur le front militaire, les prochaines cibles ont déjà été désignées, selon le militant, elles se nomment Syrie, Iran, voire Colombie ou Venezuela.

De même, la relance de la croissance occupera une grande place dans les discussions des chefs d'Etat les plus puissants de la planète. « Les contours des remèdes qui seront proposés se dessinent, commente Alessandro Pelizarri. En Allemagne et en France, on assiste à des attaques brutales contre les systèmes sociaux. En Italie, c'est le droit du travail qui est menacé. »

La journée du 30 mai est organisée en quatre tables rondes. La première (9 h 15) est intitulée « guerres économiques: dictature des marchés et nouvelle gouvernance globale ». La deuxième (13 h) traitera des « guerres sociales » et plus particulièrement de leurs conséquences sur les femmes. « La mondialisation et la militarisation » (dès 16 h 15) seront au menu de l'avant-dernière table ronde. Enfin, à partir de 20 h 15, des représentants de mouvements sociaux du Sud, mais aussi d'Europe, esquisseront les pistes « d'un autre monde ».

Attac proposera également un journal alternatif - « attac.info » - couvrant le contre-G8 et disponible sur la toile2. Un séminaire sera consacré à cette initiative (le 29 mai à 18 h à la Maison des associations de Genève). Composante essentielle du mouvement altermondialiste, Attac appelle bien évidemment à manifester dimanche 1er juin. SPe

1 Maison du Faubourg, 8 rue des Terreaux-du-Temple, Genève
2 www.attac.info


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