Deux villages pour les anti-G8
Paru le : 23 mai 2003

LAUSANNE · Les autorités ont commencé à aménager un terrain de camping dont les alternatifs ne veulent pas.

DIDIER ESTOPPEY

Où iront camper les altermondialistes qui passeront par Lausanne lors du Sommet du G8? A quelques jours du grand événement et des manifestations, prévues dès le jeudi 29 mai dans la capitale vaudoise, la question continue à diviser autorités et alternatifs. A tel point que deux terrains, l'un sauvage et l'autre officiel, se disputent désormais les faveurs des campeurs.

Comme ils en avaient menacé les autorités (notre édition du 17 mai), les membres du collectif Oulala c'Village, fâchés de l'emplacement qu'on leur proposait à La Bourdonnette, ont rompu leurs négociations avec les autorités. Ils ne répondent plus non plus aux coups de fil des journalistes. Au sein du comité vaudois anti-G8, on affirme d'ailleurs que le collectif s'est autodissous, son projet de village alternatif étant repris par d'autres personnes. Quoi qu'il en soit, des appels continuent à être lancés sur internet, au nom du collectif, invitant les altermondialistes à venir s'installer au bord du lac, à Dorigny, dès dimanche 25 mai. Un « pique-nique » convoqué samedi 24 mai sur la place de Milan pourrait être l'occasion de lancer une occupation sauvage.

Mais les autorités ne l'entendent pas de cette oreille. Rectorat en tête, elles continuent à opposer une fin de no- recevoir à toute velléité de camper à Dorigny. Prenant les devants, elles ont commencé dès mercredi à équiper le terrain de La Bourdonnette, espérant que l'installation de sanitaires et autres commodités saurait attirer les campeurs sur l'emplacement officiel. Et en multipliant dans la presse locale les déclarations selon lesquelles aucune occupation sauvage ne serait tolérée à Dorigny.

Du côté du comité anti-G8, qui parachève avec les autorités ses négociations au sujet des manifestations, on est visiblement soucieux de ne pas ajouter d'huile sur le feu. Aucune déclaration « officielle » ne sera faite à la presse avant la prochaine assemblée générale, lundi soir. Mais on croit comprendre que l'incapacité des alternatifs à trouver un terrain d'entente avec les autorités a fini par fatiguer même certains anti-G8. Ils n'en restent pas moins solidaires des « copains »: « Nous continuons à chercher à éviter l'affrontement, indique un membre du mouvement. Mais nous ne pourrons tolérer chez les autorités une tentative de répression d'une expérience autogestionnaire. »

Cinquante feux autour du lac

Mettre le feu au lac? C'était la première idée, lancée dès novembre dernier, par les anti-G8 vaudois. Et elle a fait florès, à en croire un de ses initiateurs, le popiste Josef Zisyadis. Même si le comité vaudois a éclaté suite aux craintes de débordements lors des manifestations lausannoises. Et même s'il n'y avait hier plus que des socialistes et des popistes pour vanter face à la presse les charmes des « feux au lac ». L'idée d'une « résistance pacifique et solidaire » contre le G8 n'en a pas moins suscité quantité de vocations locales. Une cinquantaine de feux seront ainsi allumés tout autour du Léman dont une vingtaine sur sol vaudois et une autre vingtaine sur les rives françaises. C'est le samedi 31 mai à 21h30 qu'est programmé l'embrasement général. Les rassemblements se veulent festifs et ouverts à tous, la population étant souvent invitée à emmener son pique-nique ou des grillades. A Nyon, c'est dès 15 h que débutera une sorte de minifestival, installé sur une rampe d'autos tamponneuses (en face de l'Usine à gaz). Une scène musicale sera aussi installée à Lausanne, où la fête démarrera dès 18 h à Vidy (stade de Coubertin). Les Lausannois sont également invités à pavoiser leurs rues de drapeaux « Pace » (en vente aux Magasins du monde). Rens.: www.evian-g8.org. DEy


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