Les milieux économiques ont peur des « dégâts collatéraux »
Paru le : 22 mai 2003 http://www.lecourrier.ch/Selection/sel2003_396.htm

ANTI-G8 · La venue d'une foule nombreuse à Genève en relation avec le G8 et les peurs qu'elle provoque aura forcément des retombées négatives sur l'économie genevoise.

PHILIPPE CHEVALIER

Qui payera la casse, si casse il y a? A douze jours de la manifestation anti-G8, les milieux économiques genevois font part de leurs inquiétudes. « A événement exceptionnel, nous attendons un geste exceptionnel des autorités en faveur de notre économie », déclarent-ils.

« Ni paranoïa ni angélisme. » Les associations professionnelles genevoises invitent leurs membres à agir avec mesure par rapport aux risques de dommages qu'ils auront à subir. Ainsi, les grands magasins resteront normalement ouverts alors que les responsables de commerces de luxe, selon où ils sont situés, sont invités à vider leurs vitrines, voire à les recouvrir de panneaux.

Dans tous les cas de figure, « l'économie genevoise va souffrir », affirme Patrick Mayer, au nom de la Chambre de commerce et d'industrie de Genève. Outre d'éventuels dommages matériels sur les façades ou les devantures ainsi que les coûts engendrés par les mesures de protections et les assurances, de nombreuses entreprises verront leur activité ralentie, voire paralysée selon les cas. Or, si M. Mayer estime qu'il y a un « intérêt général et public pour que la manifestation ait lieu sur sol genevois, le dédommagement des citoyens et des entreprises lésés devrait aussi être de la responsabilité de la collectivité ». Ce principe est acquis, déclare Blaise Matthey, secrétaire adjoint de la Fédération des syndicats patronaux. Restent à définir les modalités, ce qui est une autre paire de manches.

CAGOULES TOLÉRÉES

Lors du point de presse hebdomadaire, Micheline Spoerri, cheffe du Département de justice, police et sécurité, a effectivement déclaré que les préoccupations des entreprises étaient « légitimes ». Une commission tripartite, réunissant usagers, canton et Confédération a récemment été mise sur pied pour définir les modalités des dédommagements. Celles-ci devraient être connues des intéressés avant le début des manifestations. Il est admis que les compensations pécuniaires porteront aussi bien sur les dommages à la propriété que sur les coûts induits par les mesures préventives et la perte de gains, confirme la conseillère d'Etat. Mais il n'est pas question non plus d'accorder « un chèque en blanc » à tous ceux qui feront valoir des prétentions.

A l'attention des journalistes, Mme Spoerri a encore précisé que les 1000 policiers allemands appelés en renfort (900 pour Genève, 100 pour Vaud) n'interviendront pas en dehors de l'aéroport et qu'ils seront soumis à la doctrine d'engagement (code de conduite) décidée par le Conseil d'Etat. Le tracé définitif de la manifestation du 1er juin ne sera connu que demain, mais le Conseil d'Etat privilégie la variante passant par la route de Malagnou, a encore déclaré la magistrate. Quant au chef de la police, Christian Cudré-Mauroux, il a affirmé que l'attitude des forces de l'ordre serait « comme toujours » conditionnée aux principes de « proportionnalité et d'opportunité ». Ainsi les manifestants cagoulés « par provocation » ou faisant du « théâtre de rue » ne seront pas trop inquiétés. Au contraire des casseurs dissimulant leur identité pour commettre des actes illégaux.

Université et parcs fermés

L'Université sera intégralement fermée et toute entrée dans les bâtiments strictement interdite le 1er juin, ainsi que les 29 et 31 mai, pendant la mobilisation anti-G8. Par ailleurs, le rectorat annonçait hier, dans un communiqué, que des mesures de sécurité supplémentaires seront prises les 30 mai, 2 et 3 juin pour assurer la sécurité des étudiants et des collaborateurs. Un service d'ordre sera organisé et la carte d'étudiant, de légitimation ou l'invitation à une conférence seront obligatoires. Le personnel étranger devra quant à lui se munir de l'autorisation de travail ou de séjour. Aux Bastions, seule l'entrée principale de l'Université sera ouverte. Le rectorat pourra à tout moment décider de la fermeture totale des bâtiments « si la situation venait à l'exiger ».

Quant aux parcs, la Ville a décidé de fermer le parc La Grange du jeudi soir au lundi matin. Seules les voitures seront interdites au parc des Bastions. Du côté des Eaux-Vives, les entrées supérieures et inférieures du parc seront fermées. Le Service des espaces verts entend finalement protéger l'Horloge fleurie. VPn


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