Mardi 19 Mai 1998, AMP (I)

Plusieurs petites manifs ont animé les rues de Genève

L'Action mondiale des peuples a mis sur pied une série d'actions symboliques de protestation à travers la ville.

"Tetuli batunzi", "Wir si ki war", "Non siamo merci", "Nous ne sommes pas des marchandises"... C'est en de multiples langues que ce slogan contre le système économique dominant a été décliné hier après-midi devant le siège genevois de l'UBS, à la place Bel-Air. Une quarantaine de militants de l'Action mondiale des peuples ont bloqué pacifiquement l'entrée de la banque pendant une demi-heure et ont collé des tracts sur la fa¸ade et les vitres du bâtiment. D'autres actes de protestation symboliques ont égrené cette journée qui marquait le début de la conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

"Après la casse du week-end que l'AMP n'a jamais préconisée, nous ne voulons donner aucun prétexte à des débordements", explique un militant. Slogans scandés sur des rythmes de tam-tam et danses improvisées sur le trottoir, le "sit-out" se déroule effectivement dans une ambiance bon enfant devant des policiers attroupés en grand nombre, mais se tenant à distance. Seul un hélicoptère volant au-dessus de la petite manifestation interfère par moments avec la musique ambiante.

Au bout d'une trentaine de minutes, un manifestant crie à la volée qu'autrefois les escrocs étaient plongés dans le goudron et dans les plumes. Un signal. Quelques-uns de ses acolytes dispersent en l'air plusieurs paquets de plumes. La bande quitte alors les lieux et s'éloigne dans un nuage blanc vers la Corraterie.

Petite escale devant la SBS, puis nouveau "sit-in" sur la Place Neuve. Les policiers suivent derrière. Le trafic est perturbé pendant un moment. "La bourse ou la vie, il faut choisir" peuvent entendre les automobilistes. Plus tard, les militants remettront cela pendant quarante-cinq minutes au pont du Mont Blanc. Vers 19h, les manifestant rejoignent le parc des Cropettes. Pas d'accroc à signaler.

Du côté de la permanence juridique de l'AMP, ce n'est pas le cas. "D'après des jeunes interpellés pendant la journée puis relâchés, 200 personnes auraient été détenues hier par la police à la suite de contrôles d'identité établis sur la base de critère subjectif, comme l'habillement. La durée d'interpellation dure environ cinq heures pendant lesquelles ils seraient fichés." Même inquiétude du côté des parents d'un jeune, arrêté dans la nuit de samedi. Après beaucoup d'insistance, ils ont eu confirmation que leur fils était détenu à Champ-Dollon. Ils s'étonnent de n'avoir re¸u aucun coup de fil de leur fils.

Michael Roy


articles publiés dans Le Courrier - Mai 1998 | www.agp.org