GENEVE

La COTMEC soutient l'Action mondiale des peuples

Le Commission Tiers-Monde de l'Eglise catholique estime qu'il faut "maintenir la pression" sur l'OMC.

La Commission Tiers-Monde de l'Eglise catholique à Genève (COTMEC) a accepté de faire partie du comité de patronage de l'Action mondiale des peuples contre l'OMC. Justin Kahamaile, membre de la COTMEC, explique: "Nous avons adopté cette position, parce que nous estimons que l'OMC ne doit pas être le tremplin d'un libéralisme développé à outrance. Il nous semble également important de donner la parole aux pays du Sud, qui sont les premières victimes de telles pratiques économiques".

Le Courrier: Dans quelle mesure cette décision s'inscrit-elle dans la ligne d'action générale de la COTMEC?

Justin Kahamaile: La COTMEC est fidèle à l'"option préférentielle des pauvres", définie lors du concile Vatican II. Elle mène un travail d'information qui met en évidence les responsabilités des êtres humains vis-à-vis de leurs semblables, notamment du Nord par rapport au Sud. Elle interpelle aujourd'hui le Gouvernement suisse à propos de l'allégement de la dette des pays du tiers monde, comme elle interpellait jadis les autorités morales de l'Eglise sur leur manque d'engagement face à l'apartheid, la dictature argentine ou la situation en Haïti.

La COTMEC est composée de laïcs -notamment des chefs d'entreprise- et de quelques prêtres. Elle est née au lendemain de Vatican II, de la remise en question par un prêtre de la taxe militaire, de la condamnation du commerce des outils de guerre et de toute structure générant la violence. Une réflexion sur l'armée a suivi et, aujourd'hui, nous nous préoccupons de la violence générée par l'injustice économique. Notre situation à Genève, ville des droits de l'homme, nous assure un écho international.

Pensez-vous qu'il faut remplacer l'OMC par une autre institution, ou au contraire agir en son sein?

Nous ne sommes pas sûrs que, sans l'OMC, la situation économique serait meilleure. Il faut maintenir une pression sur l'OMC. De même, la délocalisation des entreprises n'est en soi pas contestable, dans la mesure où elle donne du travail aux populations du Sud. Mais il faut davantage de justice sociale. Il y a toujours moyen d'en injecter un peu, comme de travailler avec de l'argent propre. La solidarité existe, lorsque les gens sont informés; l'existence des produits Max Havelaar en est un exemple. Nous adoptons la stratégie de la petite goutte d'eau, au cas par cas, en privilégiant les actions à notre portée.

Je donnerais enfin un exemple de ce que nous défendons. Dans bien des banques, aujourd'hui, lorsque vous venez placer de l'argent avec des exigences éthiques, on vous demande quelle est votre éthique. Et vous pouvez alors effectuer un placement "sur mesure", selon que vous vous préoccupez ou non des conséquences de votre geste sur l'environnement, la situation des travailleurs, etc. C'est précisément ce genre d'attitude du monde économique et financier que nous réprouvons, parce qu'elle engendre l'irresponsabilité et de lourdes conséquences, en travestissant les préoccupations éthiques des opérateurs potentiels, c'est-à-dire de ceux qui ont un impact sur l'économie.

Propos recueillis par JNA


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