SUISSE

La campagne a déjà débuté

La campagne contre l'OMC s'est mise en marche lors de l'ouverture du Forum de Davos. Echéances et enjeux.

La réunion annuelle des multinationales à Davos a été choisie pour déterrer la hache de guerre contre l'OMC. Pendant que les "maîtres du monde" discutaient des "priorités pour le 21e siècle", mettant effrontément notre avenir en vente, 172 organisations représentant 22 millions d'êtres humains ont signé un "Appel contre les mondialisateurs de la misère" lancé par l'AMP. Des manifestations ont eu lieu dans dix-huit pays, de la Corée au Mexique.

A Davos même, une manifestation-surprise s'est déroulée le samedi 31 janvier. Une centaine de personnes venues de Genève, Berne, Zurich, Bâle et d'autres villes de Suisse ont protesté à la barbe de l'énorme dispositif policier.

A Genève, une mise en accusation publique de l'United Bank of Switzerland a concrétisé notre refus du crocodile de la mondialisation. Cinq cents personnes ont exprimé leur opposition à ce nouveau pouvoir pharaonique: paysans, syndicalistes, squatters et autres. La campagne s'est ainsi ouverte comme il se doit par une action unie de milieux sociaux divers. C'est parti, le crescendo qui culminera en mai a commencé!

LUTTES CONCRÈTES

Comme l'OMC n'est qu'une des institutions d'une mondialisation qui est en train de s'emparer de tous les domaines de notre vie, depuis l'alimentation jusqu'à la culture, il ne s'agit surtout pas d'ajouter aux luttes déjà en cours une lutte abstraite contre l'OMC. Nous appelons au contraire chaque groupe constitué à participer à la campagne de l'AMP, en mettant justement en avant ses objectifs particuliers et en quoi ils se heurtent à la politique de mondialisation dont l'OMC est l'organisation faîtière.

Il faut dire que nous avons l'embarras du choix: attaques contre les salaires, précarisation, chômage, écrasement des petits paysans dans le monde entier, situation aggravée des femmes, démantèlement des services publics, sabotage de la protection de l'environnement, renforcement de la forteresse Europe, machinations militaires, manipulation de la propriété intellectuelle, nivellement culturel... La question que nous posons à toutes les personnes engagées dans ces luttes est: "Comment allez-vous utiliser la campagne contre l'OMC pour hisser les perspectives de votre lutte au niveau nécessaire?" Il devient évident que les luttes partielles finissent perdantes. Ensemble, nous pouvons viser le monstre à la tête. L'enjeu politique de cette campagne est de prendre la diversité des revendications comme notre chance, une occasion d'approfondir le débat, d'éviter le piège de se faire isoler dans des revendications qui n'arrivent pas à apparaître comme étant l'affaire de tous.

Tel est l'enjeu de cette époque néolibérale. Dans l'après-guerre, des luttes dans le cadre des Etats ont permis d'arracher au capitalisme un compromis, un contrat social: profits d'un côté, plein-emploi et consommation de l'autre. Cette période est révolue. Ces compromis, tous passés dans le cadre des États, sont aujourd'hui sabotés par une mondialisation débridée. Les échanges prétendument "libres" permettent en fait aux monopoles multinationaux d'échapper à tout contrôle, et d'imposer leurs termes -au Nord comme au Sud- à travers le chantage à la délocalisation et les sanctions des marchés financiers. Les mouvements populaires doivent donc s'organiser internationalement aussi.

Après la conférence de l'AMP, nous aurons deux mois et demi pour préparer les journées de mai. Les événements jalonnant cette période préparatoire sont encore à discuter. Alors, pendant la conférence de l'OMC, nous montrerons dans quelle mesure nous serons devenus capables de sortir tous ensemble dans cette ville et d'en faire un bastion contre l'OMC!

CAAMP


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