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Sommet des Amériques: quelle intervention libertaire?
From "Courant Alternatif" oclibertaire@hotmail.com
Date Thu, 3 May 2001 09:57:18 -0400 (EDT)

AGENCE DE PRESSE A-INFOS
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SOMMET DE QUEBEC: QUELLE INTERVENTION LIBERTAIRE ?

Le sommet des Amériques à Quebec, du 20 au 22 avril, a été l'occasion d'une contestation libertaire dépassant la pratique d'action directe des Black Blocks anarchistes, très médiatisés lors du sommet de Seattle aux USA en 1999.

SOMMET SYMBOLIQUE

Courant Alternatif a déjà exposé dans ses derniers numéros le cadre de ce sommet des Amériques qui regroupe 34 chefs d'Etat. En résumé, le projet de Zone de Libre Echange des Amériques - ZLEA - veut élargir à l'ensemble des Amériques - moins Cuba - l'accord de libre échange nord-américain - ALENA - entré en vigueur en 1994. Les USA et le Canada représentent 80 % du poids économique du continent... Les négociations entre les différents exécutifs sont entamées depuis 1994 et vont bon train. Ce sommet des Amériques sur deux jours, avec 34 chefs d'Etat réunis autour de Bush - et 900 technocrates et 500 businessmen en coulisse - constituait surtout un symbole d'intronisation de Bush et un signal à destination des populations disparates du continent pour annoncer solennellement un marché unique continental comme un accord conclu - à égalité - entre représentants élus du Peuple. Cette farce (1) sinistre ne s'adresse évidemment pas aux pauvres de l'Amérique Latine mais plutôt aux classes moyennes et aisées qui sont encore nécessaires à un minimum de consensus pour maintenir la situation.

Le symbole semble d'ailleurs être la seule utilité de ce sommet des Amériques. En effet les textes des accords ont été négociés confidentiellement entre exécutifs, au grand dam des syndicalistes et des politiciens. Par contre, les état-majors des multinationales,eux, sont partie prenante des débats puisque le chapitre 11 des accords donne carrément aux sociétés privées un statut comparable à celui d'un État. Elles peuvent attaquer un pays devant un tribunal si leurs marges de profit sont mises en cause par la législation ou l'action du pays (2).

TROIS PÔLES

Trois regroupements "contestaient" l'organisation du sommet. D'abord l'Alliance sociale continentale - ASC - est un groupe institutionnel qui rassemble centrales syndicales, parlementaires, églises et organisations non-gouvernementales de l'ensemble du continent ; l'ASC veut être invitée à la table des négociations de la ZLEA, à laquelle siège le patronat du continent regroupé dans l'Américas Business Forum - ABF. L'ASC organisait en parrallèle à Québec un Sommet des Peuples, subventionné grassement par le gouvernement nationaliste québecquois et néo-libéral... exclu du sommet par le gouvernement fédéral canadien, également financeur...

Ensuite la Convergence Q-2001, qui se définit comme "l'opposition pacifique au sommet des Amériques", est un regroupement plutôt nord-américain de syndicats et d'ONGs, avec notamment Attac-Québec et les Amis du Monde Diplomatique. Québec 2001 regroupe la version canadienne de la "gauche de la gauche" hexagonale, avec une quinzaine de propositions (3) trés explicites illustrant une nouvelle mouture de la sociale-démocratie (4) . Québec 2001 pourrait alimenter de fait la construction d'une nouvelle Internationale sociale-libérale entreprise par le parti socialiste français sous la houlette de Jospin. Ce dernier, en visite le 6 avril au Brésil, y évoquait "une mondialisation à visage humain"...

Enfin le regroupement du Comité d'Accueil du Sommet des Amériques (CASA) et de la Convergence des Luttes Anti-Capitalistes (CLAC), respectivement de Québec et de Montréal, constituait le troisième pôle d'opposition. Nous avons publié dans CA de mars la plate-forme du CASA comprenant six points (5). Pour le CASA, "en attendant de voir le capitalisme s'effondrer sous les coups de boutoir d'un nouveau mouvement révolutionnaire", il s'agissait de "faire dérailler la ZLEA pour ébranler le pouvoir des dirigeants des Amériques". Ce regroupement anti-capitaliste CLAC-CASA regroupe des individus intervenant dans le mouvement étudiant, et sur des terrains aussi variés que le logement, le chômage, la répression policière, etc. CLAC-CASA avait déjà organisé fin janvier et fin mars deux rencontres de 200 délégué-e-s de collectifs ou de groupes d'affinité, extérieurs ou du Québec, pour se mettre d'accord sur les grandes lignes de la mobilisation.

DES MOUVEMENTS SPORADIQUES

Ces dernières années, le Québec (6) a connu quelques mobilisations, parmi la jeunesse notamment des deux grandes villes, qui ont commencé à constituer une mouvance avec une pratique d'agitation politique libertaire. On peut citer la grève générale étudiante contre le déficit zéro imposé lors des Sommets paritaires québécquois en 1996, les "émeutes" de la St-Jean à Québec en 96 (la police locale voulait appliquer la tolérance zéro à l'encontre des jeunes, trop visibles en centre-ville bourgeois et touristique), ou bien lorsque Coca-Cola a voulu s'imposer à l'université UQAM de Montréal, à l'occasion du sommet québécois de la jeunesse, lors d'initiatives (téméraires) du 1er mai, contre les violences policières ou la tenue du G20, etc. Différents collectifs sont investis sur le logement, les quartiers. Sans aller jusqu'à constituer un mouvement implanté dans la population, ce qui serait étonnant vue la pacification sociale de ces dernières décennies en Amérique du Nord, cette mouvance jeune avait la capacité de construire une mobilisation unitaire contre la tenue du sommet des Amériques. Comparée à l'Hexagone, la répression semble également plus forte, proportionnellement, (les matraquages et arrestations massives de manifestantEs ne sont pas rares, avec nombreux procès, cautions et autres conditions libératoires pour intimider) comme si, dans un état d'apathie politique social, le moindre regain de contestation était intolérable au pouvoir.

La radicalisation politique, induite par la répression, semble être renforcée par deux autres facteurs: les évènements de Seattle, somme toute modestes mais suivis d'autres mobilisations antiglobalisation comme Prague, ouvrent une perspective d'affirmation collective d'une critique radicale et globale du système ; ces derniers mois, une campagne de presse, orchestrée par des partis, syndicats et associations pacifistes contre toute action directe dépassant le strict cadre non-violent, a provoqué en retour un clivage avec celles et ceux qui refusent toute condamnation à priori d'éventuels affrontements.

RESPECT DE LA DIVERSITE DES TACTIQUES

L'originalité de la mobilisation contre le sommet résidait notamment sur le "respect de la diversité des tactiques" : assumer politiquement que des groupes d'affinité - comme par exemple des black blocs - se retrouvent dans les manifestations du CLAC-CASA et choisissent pour intervenir contre le sommet d'ouvrir le périmêtre, d'affronter les flics ou de détruire des cibles, en bref assumer la violence collective sans empêcher pour autant la possibilité pour toute personne de manifester en sécurité sur les mêmes mots d'ordre. Il y avait donc trois couleurs pour caractériser les actions, pour que les simples manifestantEs sachent en connaissance de cause ce qui pouvait leur arriver. Les blocs rouges organisaient les actions directes avec les risques correspondants; les blocs jaunes des actions directes non-violentes telles que blocages de routes, de bâtiments, sit-ins,etc, avec possibilité d'arrestations en nombre et de résistance non-violente ; enfin des zones vertes, où toute personne peut manifester son désaccord dans la rue, sans pour autant risquer de prendre une balle de gomme dans la tête, ou un grand jet de "gaz de poivre" dans le nez. Inévitablement cette "diversité des tactiques" est assez contradictoire en soi. Si l'on considère que la rue devient un espace politique de contestation anticapitaliste, quelle autorité peut décréter qu'une action a - ou n'a pas - sa place à tel endroit ? Mais en même temps, cette diversité des tactiques permet à beaucoup plus de personnes d'assumer une expression politique, sur un certain nombre de points radicaux, et par là même de renforcer la légitimité et de diminuer l'isolement des actions "rouges" criminalisées par les flics, les médias, un groupe non-violent choyé des médias (et doublement bien nommé: SALAMI!) ou une centrale syndicale. Ces derniers menaçaient d'intervenir physiquement contre les blocs rouges. Rappelons pour mémoire que les organisations libertaires hexagonales, à l'occasion d'une réunion du G7 à Lyon en 1995, n'avaient pu se mettre d'accord sur un pôle unique de contestation, à cause notamment de la question de violences éventuelles, acceptables pour les un-e-s, et compromettant la crédibilité des propositions libertaires pour les autres... Mais revenons au Québec.

LES EVENEMENTS

Le Sommet des Peuples a tenu boutique et conciliabules à huis clos pendant cinq jours sous un chapiteau à bonne distance du périmètre, et a conclu le samedi 21 par une manifestation s'éloignant ostensiblement à travers friches industrielles et quartiers populaires québecquois jusqu'à un grand parking, où les orateurs et oratrices pouvaient s'en donner à coeur joie. Le cortège "des Peuples", fort de 40 000 personnes - du jamais vu à Québec - s'effilocha en fait copieusement au fil des kilomètres, bon nombre de participantEs préférèrent bifurquer vers les affrontements qui se déroulaient au même moment en haute ville.

Pour le pôle Convergence Q-2001, ce fut moins clair, selon les composantes de ce cartel. Si certaines avaient copieusement craché sur les méchantEs anarchistes violentEs et irresponsables, Opération Québec 2001 collabora finalement avec le CASA-CLAC pour assurer conjointement l'hébergement et la bouffe en prévision de l'accueil de milliers de manifestantEs. Les manifs furent moins concluantes. Une composante surtout étudiante, le GOMM (groupe opposé à la mondialisation des marchés) appela le vendredi 20 à une manif verte (7) (?) au même endroit de départ que la manif jaune (?) du CASA-CLAC avec un certain cafouillage intéressé.

Le CASA-CLAC, quand à lui, appelait à un carnaval anti-capitaliste anti-sommet (pour faire la nique à l'interdiction policière de tout masque ) avec trois étapes. Le jeudi soir, une marche au flambeau joyeuse partait de l'université, principal lieu d'hébergement, pour arriver pacifiquement et en musique à une des zones vertes prévues pour le week-end, avec deux mille personnes. Le vendredi, la manif partait du même lieu pour se scinder ensuite en deux cortèges: le vert avançait jusqu'à une zone verte, la rue St-Jean - le comité de quartier, dont les permanents sont au CASA, y avait fortement encouragé les habitants et les petits commerçants à ne pas se terrer chez eux comme la police et les médias le souhaitaient, mais au contraire à sortir dans leur rue pour montrer par leur présence qu'ils soutenaient les manifestants anti-sommet - alors que le cortège jaune, 7 à 8000 personnes, avançait tout droit jusqu'au périmètre. La surprise fut d'apprendre au bout de vingt minutes que la clôture, censée protéger les chefs d'Etats, était par terre et que les premières lignes de manifestants étaient face à face aux anti-émeutes, dans la fumée des lacrymogènes et les jets de pierres, avec des milliers de personnes observant de prés ou prenant part aux assauts répétés. De fait les affrontements durèrent à deux endroits du périmètre jusqu'à trois heures du matin. Les flics repoussèrent les manifestants jusqu'au bord de la zone verte sans toutefois oser y entrer le 1er jour. Inversement cette rue St-Jean offrait un aspect trés paisible et irréel: la paranoïa à l'encontre des casseurs, même si elle avait poussé les commerçants à couvrir de panneaux de bois les 3/4 des vitrines (qui furent transformés en panneaux de libre expression), s'est dégonflée et les cagouléEs pouvaient y boire une bière fraîche avant de repartir.

Le samedi, le CASA-CLAC avait choisi de suivre la marée humaine de la manif syndicale, après que trois syndicats (fonction publique, postiers) aient annoncé leur volonté de bifurquer à mi-parcours vers le périmètre (faux espoir!). De fait, ce mélange avec les syndicats noya complètement le collectif. La plupart des gens retrouvèrent les occupations de la veille. Par contre les gaz, balles en plastique (similaires à celles utilisées en Irlande ou en Palestine), les canons à eau, les enlèvements lors de moments tranquilles de manifestants (ou de militants du CASA-CLAC repérés) dans des vans banalisés par des flics encagoulés, les saupoudrages de cayenne dans les rues par les hélicos furent employés beaucoup plus largement que la veille. Le centre ville était parcouru de nuages de gaz cs qui obligèrent les organisateurs du sommet, comme la veille, à verrouiller hermétiquement leurs chefs d'État, entraînant quelques heures de retard sur l'horaire (8) . Jusqu'au petit jour, les face-à-face continuèrent. Par contre les jeunes et les habitants des quartiers, plutôt observateurs la veille, prétèrent main forte aux manifestations en ouvrant leurs maisons pour fournir de l'eau fraîche et autres soutiens.

Malgré la trés forte présence de vans et de groupes de police un peu partout - le périmètre n'avait plus besoin d'être gardé - le conseil de déléguéEs du dimanche matin décida d'organiser une marche symbolique contre les pratiques et violences policières jusqu'au ministère de la justice. Les deux cents participantEs furent trés fortement encadrés par des lignes d'anti-émeute armés jusqu'aux dents et ne durent leur non-arrestation qu'à la présence d'une trentaine de journalistes attendant la bavure probable.

QUELLE PERSPECTIVE ?

Au-delà de la campagne nécessaire pour les libérations et les procés, ces initiatives canadiennes contre ce sommet pourraient inspirer des pôles larges anti-capitalistes anti-autoritaires. Les assises du mouvement libertaire hexagonale en octobre prochain seront peut-être l'occasion d'en reparler, sans vouloir transposer mécaniquement bien sûr un modèle à une situation différente. Mais pour peser politiquement sur la réalité, il est nécessaire de tenter d'autres expériences.

Québec city - le 24 avril 2001.

ENCART    ENCART    ENCART    : LA REPRESSION

L'Etat canadien a préparé la population (7 millions d'habitant-e-s au Québec) six mois à l'avance en évoquant la violence anarchiste qui déferlerait probablement sur Québec. Plus de 500 millions de francs ont été affectés aux mesures de sècurité: clotûre de 3 m de haut et de 3,8 km autour du centre-ville avec laissés-passer pendant le sommet (inspirés des mesures prises à Nice), refoulement aux frontières de "touristes" arrêtés précédemment à Seattle, Prague ou Davos (avec probablement l'appui d'Interpole), blindés, nouvel équipement anti-émeute à 25 000 frs pour chaque flic, hélicoptères survolant déjà la ville, de jour comme de nuit, 4 jours avant le sommet, et pulvérisant du "gaz poivre" sur les rues tranquilles mais trop peuplées et trop proches des lieux d'affrontements au goût des flics. Prévision d'une extension du périmètre de sécurité en cas de situation "critique"... Visites chez des militant-e-s à Québec et Montréal d'agents des services secrets canadiens. Harcèlement et arrestations de militant-e-s diffusant des tracts ou collant des affiches. Menaces diverses sur les structures assurant l'hébergement et la bouffe pour les milliers de manifestant-e-s logés pendant trois nuits. Ecoutes, filatures, mais également noyautages de groupes d'affinité (le groupe Germinal) et de groupes politiques par des flics infiltrés huit mois avant, avec arrestations trés médiatisées deux jours avant le sommet. Enlèvements éclairs de militants trop gênants (comme Jaggi Singh, montréalais de la CLAC) ou de manifestants repérés par des flics encagoulés, devant des passants ou des journalistes, sidérés.

Sur les deux jours il y eut 463 arrestations officielles. De nombreux blessés, dont 2 graves chez les manifestants:une balle en plastique, tirée à deux mêtres dans la trachée d'un manifestant non-armé - il ne parlera plus ; une fracture du crâne avec coma. La majorité des arrêtéEs ne sont relâchéEs que sur versement d'une caution en attendant les procés, à partir du 22 au 31 mai. Pour tout renseignement consulter le site web A infos.fr (voir site OCL en page 2 de CA)


Notes:

1) Chrétien, premier ministre du Canada, a d'ailleurs fait un lapsus explicite au cours de ce sommet en parlant de Bush comme le "président des Amériques"...

2) L'ALENA a ainsi déjà permis à des sociétés US de porter plainte contre les États canadien et mexicain.

3) La primauté des droits humains - droits de l'homme ; les Etats gardiens du "vivre ensemble" ; l'égalité femmes-hommes ; la reconnaissance et le respect des peuples autochtones ; développement durable, droit aux ressources, agriculture et autosuffisance alimentaire ; droits du travail - conventions de l'organisation internationale du travail ; commerce équitable ; annulation de la dette ; investissements productifs socialement et écologiquement responsables ; fin des diktats du FMI et de la BM ; des Amèriques où la monnaie retrouve ses véritables fonctions (sic!) ; taxe Tobin entre autres mesures fiscales ; élimination de la criminalité financière (resic!) ; informations et référendums sur les accords économiques ; intégration de Cuba dans les nègociations.

4) Il est toujours possible de commander l'excellent numéro spécial de Courant Alternatif résumant l'action de cette stratégie politique au cours du XXème siècle :" Le mythe de la gauche: un siècle d'illusions social-démocrates"- 25frs - chèque à l'ordre de: La Galère - OCL c/o EGREGORE, BP 1213, 51058 Reims cedex.

5) Anti-capitalisme ; anti-patriarcat ; refus de la hiérarchie ; autonome ; non-réformisme ; diversité des tactiques ; contact: la_casa2001@hotmail.com

6) 3 fois la superficie de l'Hexagone, 7 millions d'habitants dont la moitié à Montréal et ses environs, 180 000 dans la ville de Québec

7) Affecter des couleurs à une manif, pour que les personnes en connaissent les risques éventuels, peut sembler un peu surréaliste ; après tout, dés que l'on descend dans la rue pour contester l'état de la société, tout peut arriver (et d'ailleurs, on aimerait bien que certaines choses arrivent...); Est-ce une intériorisation par le mouvement de l'obsession "sécuritaire" des sociétés occidentales, sécurité qu'il se sent obligé de fournir aux manifestantEs répondant à son appel? Il est vrai que la police canadienne a par le passé chargé dans des cortèges pacifiques, notamment quand des libertaires en étaient à l'origine.

8) Face à l'arsenal militaire en place ( tireurs d'èlite, services secrets, blindés ) il fallait autre chose que quelques pierres pour stopper ce sommet. Mais néanmoins la clause "démocratique" rajoutée au projet de ZLEA apparaissait trés clairement comme une énormité et un bras d'honneur à la population, quand au même moment les affrontements continuaient tout autour du périmètre protégeant les éluEs du peuple....


Québec, A20 Reports
A20 rapports françaises